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Et voilà que maintenant on se revendique populiste pour faire croire que l’on s’intéresse vraiment aux autres, aux humbles, au Peuple. Quelle hypocrisie, quelle facilité.
Je hais ce mot. Il me rappelle de vieilles rengaines nauséabondes.
Je hais ce mot car il se suffit à lui-même. On se dit populiste, ou on dit des autres qu'ils sont populistes et hop on a tout dit. Les méchants sont désignés, le programme est simple, le mot d’ordre est facile à retenir : tous pourris !
Je hais ce mot car il se cache derrière le Peuple comme un parasite et apparaît quand ça l’arrange pour s’installer durablement sans crier gare.
Ce mot est une nouvelle porte qui se veut acceptable, mais ouverte sur tous les excès. Une porte qui en masque d’autres. Celle de la démagogie, celle de l’extrémisme, celle de la zéro réflexion, celle de la dénonciation, celle du totalitarisme.
Je hais ce mot car il clôt le débat !
Je hais ce mot car il nous fait croire que tout est simple et qu’il suffit de décider, comme si on était seul au monde…
Comme si la solution était au bout d’une courte ligne droite.
La politique est faite de réflexion, d’écoute et de remise en cause, de renoncement et de grandes décisions, d’échecs et de victoires. Elle n’est pas simpliste mais complète et profonde dans son analyse et sa pratique.
Ce mot n’a pas de sens…Il ne sera jamais un courant de pensée.

fmi.jpegmanif.jpeg Le politologue Pierre-André Taguieff évoque l'émergence d'un populisme ayant plusieurs caractéristiques. La première caractéristique de ce populisme serait la volonté systématique d'opposer le peuple et l'élite. La deuxième caractéristique de ce populisme serait de dénoncer le mondialisme et de défendre la théorie du complot des puissances de l'argent contre les peuples et les nations. Enfin, l'hypermédiatisation entretiendrait une certaine forme de populisme en jouant plutôt sur le registre de l'émotion que du raisonnement politique.

Que pèse un mot criminalisant qui peut s’appliquer à n’importe qui, dans n’importe quelle circonstance, décrit des situations qui n’ont aucun rapport entre elles, et permet, en conséquence, de dire n’importe quoi?
Que valent des journalistes ou des intellectuels dont la pensée est devenue si courte, la capacité d’analyse si étriquée, la réflexion si mécanique et les références conceptuelles si pauvres que, quoi qu’ils disent, et à quelques situations qu’ils soient confrontés, emploient toujours et obsessionnellement le même mot?
Que dire d’un petit monde élitiste qui, pour exprimer ses rejets, ses exclusions, ses excommunications et ses exécrations, choisit tout naturellement une expression dont "peuple" constitue la racine?
"Populisme"! Concept magique grâce auquel une certaine gauche et une certaine droite peuvent, en toute complicité, verrouiller leur propre auto-enfermement.
"Populisme"! Concept magique grâce auquel une autre gauche et une autre droite peuvent enfermer dans le même panier les "tous pourris".

images.jpeg Le sait-on? Il y a 60 ans encore, de grands romans et de grands films (Hôtel du Nord, Quai des brumes) recevaient un prestigieux "Prix Populiste". Ce sont les communistes d’après-guerre qui, les premiers, eurent l’idée d’employer, jusqu’à plus soif, ce qualificatif de façon péjorative pour déconsidérer tous discours non staliniens s’adressant au peuple (trotskyste et titiste compris) et les amalgamer avec le nationalisme réactionnaire et le fascisme. Ils ont fait école.
Je vous en prie, je vous en supplie: au nom du débat démocratique, au nom du respect des différences, au nom de la tolérance, prenez l’engagement de ne plus user et abuser de ce mot terroriste.

51JN9FIgUjL_002.jpg"Le peuple est de retour. Evoqué, convoqué, invoqué, il est à nouveau au cœur des conversations et des préoccupations politiques. On ne parle que de lui. Ceux qui l’ont oublié depuis si longtemps en font beaucoup, trop sans doute, pour se faire pardonner. Ceux qui ne cessent de s’en prévaloir, bruyamment et à tout propos, protestent de leur antériorité pour en réclamer l’exclusivité. Ceux qui gouvernent se souviennent soudain qu’ils devraient le faire en son nom. Aller au peuple, le comprendre voire, audace suprême en démocratie, lui donner raison ! Faut-il être populiste pour devenir populaire ?"